Depuis toujours, les leçons tirées de nos échecs alimentent le progrès des pratiques objectives qui nous aident à décider le mieux possible dans des contextes incertains. Mais, depuis les années 80, le moteur de la croissance est venu contrarier celui du progrès puisqu’un échec stimule l’activité économique au même titre qu’un succès.
L’investisseur qui finance un fiasco en s’octroyant nos ressources communes est désormais un génie qui contribue à la croissance. L’économie globale ne craint plus les échecs. Plutôt que de les accepter pour les corriger, elle incite à les camoufler pour ne pas saper la confiance d’autres investisseurs. Désormais, la culture de l’échec s’efface derrière le culte de la réussite sur lequel surfent des bonimenteurs qui nous invitent à jouer au casino de la croissance. C’est ainsi que l’objectivité des praticiens s’efface derrière une crédulité généralisée qui nourrit une confiance bien mal placée.
La croissance érode donc nos intelligences comme elle gaspille les ressources d’une planète en voie d’épuisement. L’ère du « tout économique » fête ses 40 ans et pourrait bien toucher à sa fin en raison de la crise écologique et d’une perte de confiance généralisée. Le réveil va être difficile pour ceux qui croyaient que croissance économique rimait avec progrès scientifique.
Aujourd’hui, l’heure est peut-être venue de renouer avec des pratiques moins mercantiles susceptibles d’éclaircir un avenir qui s’annonce plutôt sombre.
Né en 1951, Jean-François Bouchind’homme entre en 1970 major à l’Ecole Nationale Supérieure de Géologie appliquée et de Prospection minière. Il débute en prospectant de l’Uranium au Commissariat à l’Energie Atomique qui finance sa thèse sous la direction du Professeur Georges Matheron. Il mène ensuite une carrière internationale de chef d’entreprise et d’expert minier jusqu’à sa retraite en 2014.