Le mois de juin apporte aussi les manèges, les forains, les festivités dans la ville. Du matin au soir j’entends les musiques, les chansons à la mode, nous dirions aujourd’hui les tubes. Si je me souviens bien, Line Renaud chante Ma cabane au Canada. J’écoute aussi Etoile des neiges et peut-être Dalida avec son Bambino, Bambino, il faudrait que je vérifie…
C’était la nuit ou le crépuscule et nous étions aux bords de la fête, aux bords de la ville. Que faisions-nous là ? Je ne sais pourquoi nous courions en descendant sur la ville au milieu des pins, dans un petit bois. Et je bute sur une pierre ou une racine, Jeanne me retient vivement. Sa main est impérieuse ou sa main est agacée, la main peut-elle être agacée ? En tout cas je sentais, je trouvais dans sa main, le visage, la personne invisibles dans la nuit, et le visage et la personne avaient sans doute exprimé un peu d’agacement. Il y avait dans sa main une forme de séparation, de détresse, il y avait un résumé intense et bref de nos relations jamais affirmées. Dans sa main il y avait tout le déséquilibre de nos rapports, de notre passé, du présent. Sa main partie je retrouvais la solitude.
Cet ouvrage est un récit en partie autobiographique où figure de temps à autre un poème ancien ou moderne. L’expérience des pays étrangers et un besoin d’aventure y sont présents. L’éloignement a façonné le caractère et la vie de l’auteur.
Il ne fut jamais question de tourisme.
Jean Wolff a été professeur de Mathématiques. Après une enfance passée en Algérie et en Tunisie, il a fait de longs séjours en Algérie (Oranie et Sud algérien), puis dans l’océan indien et en Ethiopie. Il est actuellement retraité en Provence ou en Lozère.