Qu'attendent de nous les animaux?
Autrefois l'animal était assujetti mais aussi vénéré. On en faisait l'élevage et on le sacrifiait. Il avait sa place dans une relation complexe et étroite avec l'homme. C'était un rapport fait de familiarité, d'imaginaire et de reconnaissance. Mais l'homme s'est retiré de cette relation, aussi bien sur le plan universel que sur le plan personnel, se repliant dans la cellule familiale et l'espace privé. Il s’est servi de l’animal comme compagnie (il est partout sans y être réellement), comme alimentation (on le dévore), en a fait un spectacle (on le regarde sans le voir). L'animal est devenu un produit manufacturé (on le consomme) et une source d’images (on le re-présente : jouets, illustrations, zoos, cirques ). L'animal-symbole a été remplacé par l'animal-visuel. Et l'animal réel, par un produit : de recherche, d'étude et de consommation.
« Les animaux sont ces êtres vivants que nous ne sommes pas et que nous ne voudrions pas être ”, disait le philosophe Heidegger. Mais le penseur avait aussi conscience que dans l'existence nous sommes exposés aux autres "étants" que sont les animaux ; nous sommes "jetés" par l'Être lui-même dans la vérité de l'Être qu'ils nous apportent.
Loin de tirer les conséquences de cette proximité qui pourrait nous apprendre beaucoup sur nous-mêmes, nous ne savons plus regarder les animaux ni les entendre. Encore moins les comprendre, même si par ailleurs une batterie impressionnante d'éléments pour qu’ils soient mieux pris en charge par l'homme s'affine et se met en place (alimentation, soins vétérinaires, équipements, droits juridiques...).
J'ai voulu dans ce livre rendre la parole aux animaux. Les suivre, les accompagner en les écoutant et, au-delà de la représentation que nous nous faisons d'eux, de ce que nous pensons être leur nature, leurs mode de vie et comportements , tenter de décrypter ce qu'ils ont à nous dire . Si l'animal ne perçoit pas la "question" que l'homme lui pose, ne réalisant pas qu'une question lui est posée, il est tout à fait en mesure de répondre - de nous répondre. Encore faut-il dans notre attente de lui ne pas avoir mis trop de ce que nous, nous sommes, ou pensons être.
Comme l'on suit une biche sans faire de bruit dans le sous-bois, sans la chasser, la traquer ou vouloir même la photographier, en évitant de la regarder mais en marchant du même pas qu'elle, non loin d'elle, c'est à une promenade silencieuse et respectueuse de l'animal que La réponse de l'oiseau vous invite.
Philosophe, journaliste, j'écris sur différents sujets dont la philosophie, la littérature, le cinéma et le théâtre.
http://Laurentterzieff.blogspot.com/ bellesp...
www.facebook.com/sastre.daniele/
envoyer un mail à l'auteur